Un Sentier, ça s’évalue.

Oh que oui (comme dirait MC Gilles). Je l’avoue, je suis un autre de ces monstres qui donne de l’authenticité à son existence en donnant des points à tout ce qui bouge. Et comme tout geek qui se respecte, je le fais avec un ensemble de règles compliquées qui ne se résument pas en une seule phrase. Cet article est donc pour les autres insectes  comme moi ou pour ceux qui auraient la curiosité de comprendre ce que ca veut dire un sentier de 3 sur 5…

Degrés de difficulté

Je me suis longtemps penché sur la difficulté à évaluer… le degré de difficulté d’un sentier. En effet, c’est une question délicate qui doit souvent tenir compte de l’interlocuteur à qui l’on s’adresse (un sentier peut être facile pour une personne et difficile pour un autre). C’est pour cette raison que j’ai tenté de faire des barèmes universels pour donner un bon indice à quiconque désire faire une randonnée. Par exemple, tous peuvent comprendre qu’un sentier accessible en chaise roulante est facile. C’est ce système de pointage que je présente ci-bas. Notez bien qu’en plus de ces critères, j’augmente d’un point le degré de difficulté lorsque le balisage est déficient et d’un autre point lorsque l’accès au sentier est difficile (voir introuvable).

Parce qu'il a des affinités avec l'escalade, j'ai coté le mont Katahdin au niveau 5

1/5 – Mon grand père le fait en marchette

Un sentier d’un point doit pouvoir se réaliser en chaise roulante. Ceci implique qu’il n’y ait aucun obstacle et que la route soit composée d’asphalte, d’un trottoir de bois ou de gravier fin.

Exemple: Le Grand Tour du Centre de la Nature de Laval

2/5 – Idéal pour la grosse madame d’a coté de Réjean Tremblay

Un sentier de deux points représente une marche normale qui doit pouvoir se faire avec une poussette d’exercice. Ceci sous-entend que le sentier doit être en bonne condition avec quelques trous et quelques marches.

Exemple: Sentier La Grande Boucle, Parc nature de Pointe-Aux-Outardes

3/5 – Pour les bobos du plateau

Un sentier de trois points nécessite un effort physique et offre des conditions qui requièrent le port de chaussures de marches ou de bottes de randonnée (idéalement une grosse marque qui flash). On peut penser à un sol comportant des roches, des trous, des racines et un dénivelé supérieur à 50m.

Exemple: Sentier la Valse de l’Érable Enjoué, Aux Berges du Lac Castor

4/5 – Tasse toi mononc

Un sentier de quatre points nécessite un exercice soutenu. Il offre quelques obstacles techniques tel un cours d’eau à franchir, un ou deux blocs de scrambling, un dénivelé important et un sol instable (boue, roches, racines, etc).

Exemple: Sentier L’Acropole des Draveur, Parc national des Hautes-Gorges

5/5 – Niveau Chuck Norris

Un sentier de cinq points annonce un exercice très important. Il est composé d’obstacles techniques tel scrambling, bushwacking et autres épreuves avancées nécessitant: une excellente forme physique, un équipement adéquat ainsi qu’une solide expérience en forêt. Les sentiers de ce niveau sont avancés et peuvent mettre votre vie en danger sauf si votre nom est Chuck Norris.

Exemple: Le mont Katahdin dans l’état du Maine.

Appréciation

S’il n’est pas aisé d’évaluer le degré de difficulté d’un sentier, il est encore moins facile d’afficher une cote d’appréciation. Car en somme chaque sentier représente une expérience qui dépend non seulement des conditions du sentier mais aussi de nombreux facteurs tel l’humeur des randonneurs, les conditions climatiques, la présence ou non d’une mouffette, etc. Le point principal que j’ai retenu est l’équilibre entre l’effort et les récompenses (points de vue, faune et flore, etc). Un point sur lequel j’ai hésité à me prononcer est l’entretien du sentier. En effet, dans certains cas un sentier trop entretenu peut s’avérer inintéressant (ex: lorsque de beaux obstacles naturels sont remplacés par des marches). Dans d’autres cas, les sentiers sont si mal entretenus qu’il est difficile de trouver l’entrée du sentier ou encore il sera facile de s’y perdre si le balisage est déficient ou incorrect. Sur ce point, j’ai décidé de viser l’équilibre. Enfin, je tente toujours de faire fi des conditions variables lorsque je donne une cote d’appréciation (mouches noires, météo, etc). On comprendra aisément que ces conditions variables nécessitent un certain effort de la part de l’auteur… Une expérience désagréable ne veut pas dire que le sentier est indigne de mention.

1/5 – Aussi plaisant que de s’asseoir sur un clou

Un sentier d’un point est un sentier désagréable et  à éviter à tout prix. On parle ici d’un sentier très mal entretenu, très mal balisé, pollué, près d’une route et dont les points de vue ne compensent pas pour les désagréments encourus. Ce type de sentier est passible de procurer une expérience pénible voir dangereuse.

2/5 – Aussi bon que les quilles à TQS

Un sentier de deux points offre une randonnée de peu d’intérêt. Il n’offre aucun défi physique et aucun point de vue intéressant. Enfin, cette note peut être donnée à un sentier offrant une grosse disproportion entre un effort physique très important et un point de vue très décevant.

3/5 – Tiens on se croirait dans une annonce de bière

Une randonnée de trois points offre un bon équilibre entre effort et points de vue. Le sentier est bien balisé et suffisamment entretenu.

4/5 – Comme prendre le thé avec le Dalai Lama

Un sentier de 4 points offre de magnifiques points de vue, une faune et une flore riche, un entretien correct dans un décor enchanteur.

5/5 – L’orgasme du randonneur

Un sentier de 5 points offre des conditions exceptionnelles dans un site unique et promet une expérience mémorable. Évidemment, je souhaite à tout le monde de connaitre ce genre d’extase!

Heure de départ et heure d’arrivée

Les plus perspicaces parmi vous auront remarqués que j’inscris les heures de départ et les heures d’arrivées de chacune de mes expéditions. Notez bien que ces temps enregistrés ne sont peut être pas représentatifs de l’effort fourni par un adulte normal. En effet, nous avons réalisé toutes nos randonnées avec notre petite fille depuis son tout jeune age. Randonner avec un bébé nécéssite de prendre différentes pauses (se dégourdir les jambes, prendre le biberon, etc), des arrêts qui ne seraient peut être pas aussi fréquents ou aussi longs avec des adultes. J’ai pris la décision d’inscrire quand même nos résultats afin de donner une idée générale des temps que nous avons pris. N’oubliez pas que chaque enfant est différent. Si vous randonnez avec un enfant, assurez-vous d’être attentifs à ses besoins. Il n’est pas question de course ici mais bien d’arriver intacts pour se vanter de ses aventures!

Conclusion

En dépit de tous mes efforts pour être neutre, il reste que ces notes sont le résultat de mes impressions personnelles. Si vous n’êtes pas d’accord avec ce que j’ai écrit, vous pouvez toujours écrire à l’ombudsman de Radio-Canada… Je reste également extrêmement ouvert à vos commentaires et suggestions. N’hésitez pas à les partager avec moi!